Préparateur Physique Français à l’ADN International
Directeur de la Performance au SV Zulte Waregem en Jupiler Pro League, Yohwen Guihard s’est construit une réputation internationale grâce à un parcours riche et exigeant. Ancien préparateur physique personnel d’André-Pierre Gignac au Mexique, il a également travaillé dans des clubs de premier plan comme le Wydad AC, l’AS FAR Rabat et le CR Belouizdad.
Formé à l’Université de Nantes puis à l’Institut of Sport de Sunderland, il poursuit sa spécialisation en préparation physique et la réathlétisation à Nice, avant de faire ses premiers pas professionnels à l’Olympique de Marseille auprès du CFA et des U19. Cette période forge sa rigueur, son sens du détail et son approche humaine du métier.
Porté par la data, la méthodologie et l’adaptation culturelle, Yohwen Guihard représente aujourd’hui un préparateur physique moderne, complet et international.
Il s’envole ensuite pour le Mexique, où il devient le préparateur physique personnel d’André-Pierre Gignac, assurant son suivi quotidien dans un environnement footballistique d’une intensité exceptionnelle.
Son passage au Mexique marque un tournant, avant une arrivée remarquée en Afrique du Nord. Passé par le Pyramids FC, l’AS FAR Rabat, le Wydad AC puis le CR Belouizdad, il évolue dans des environnements de très haut niveau, où les campagnes en Ligue des Champions africaine et en Coupe de la CAF imposent des microcycles serrés, de longs déplacements et une gestion très précise de la charge et de la récupération.
Revenu en Europe en 2024, il rejoint Zulte Waregem après avoir obtenu la montée dès sa première saison, avec l’objectif de stabiliser le club en Jupiler Pro League et de structurer la performance. Porté par la data, la méthodologie et l’adaptation culturelle, Yohwen Guihard représente aujourd’hui un préparateur physique moderne, complet et international.
Notre Interview Exclusive avec Yohwen Guihard
Vous avez un parcours atypique. Pouvez-vous nous raconter votre formation et les étapes qui vous ont mené à décrocher votre premier poste de préparateur physique dans un club ?
Moi, je reposerais la question : qu’est-ce qu’un parcours atypique ou non ? C’est un peu le cas pour tout le monde. Il existe plusieurs chemins pour réussir ses ambitions ou objectifs, et chacun a le sien.
Pour ma formation : université à Nantes, puis première année de Master à l’Institute of Sport de Sunderland pour développer mon anglais et découvrir une autre culture, à une période où Sunderland était en Premier League. Une ambiance que je n’avais jamais vue en France, et qui m’a donné envie d’être sur les bancs tous les week-ends.
Deuxième année à Nice, où je me suis spécialisé dans la préparation physique et la réathlétisation, avec des intervenants très intéressants, notamment Jean-Benoit Morin sur le côté sprint.
Ensuite, j’ai décroché un stage à L’Olympique de Marseille avec leur CFA et les U19 Nationaux sous Christophe Manouvrier : une formation très riche sur l’application terrain et le management des joueurs et des humains avec qui l’on travaille.
Puis, avec Christophe, qui avait créé une société de préparation physique individuelle, je suis parti au Mexique pour deux saisons et demie afin d’être le préparateur physique d’André-Pierre Gignac. Il m’a fait découvrir la culture latine, avec une grande ferveur pour le foot.
J’ai ensuite été mis en contact avec un agent qui cherchait un préparateur physique pourPyramids FC, un club en Égypte avec un staff français. Riche de cette expérience de préparateur physique personnel, je suis parti sur un projet club.
Vous êtes actuellement avec le SV Zulte Waregem. Que pouvez-vous nous dire sur ce nouveau chapitre et sur vos ambitions ?
J’ai toujours eu l’ambition d’être sur les bancs de touche en Europe depuis que je suis tout jeune. Nous étions beaucoup à la fac à vouloir faire ce métier, ce qui m’a poussé à avancer. Depuis le début, j’ai tracé une ligne avec différentes étapes à cocher dans ma carrière. Même si la vie n’est pas une ligne droite et qu’il faut laisser la place à l’imprévu, je pense qu’avoir une direction claire m’a beaucoup aidé.
Après avoir réussi à travailler en club, je me suis fixé l’objectif de collaborer plus longtemps avec un coach et un staff, ce qui est le cas avec Sven Vandenbroeck le coach actuel de Zulte Waregem.
Je voulais revenir en Europe, même si en Afrique j’ai vécu de très belles expériences, avec une ferveur incroyable. Les championnats européens sont plus visibles pour les grands clubs, et c’était aussi important pour ma situation familiale. Cela s’est concrétisé avec ma signature à Zulte Waregem. J’ai signé la saison dernière en Ligue 2, avec l’ambition de monter, et nous y sommes parvenus en finissant Champion de 2ème Division, ce qui me rend très content.
Même si la vie n’est pas une ligne droite et qu’il faut laisser la place à l’imprévu, je pense qu’avoir une direction claire m’a beaucoup aidé.
Vous avez travaillé dans plusieurs pays (Maroc, Algérie, Égypte, Belgique) : comment ces expériences ont-elles influencé votre approche du métier ?
Ces expériences m’ont aidé à structurer ma méthode et mon process de travail. Chaque pays a ses cultures, et on doit constamment s’adapter au joueur en face et à l’institution dans laquelle on évolue.
Cela m’a amené à ajuster mon approche humaine : comment parler selon le profil, quelle posture adopter, comment faire passer les messages. Plus mon process est clair pour moi, plus il l’est pour les joueurs : suivi, compréhension, efficacité. L’idée est de simplifier les choses complexes pour que ce soit clair pour le coach et pour l’équipe.
Au Maroc, j’ai vu un football qui s’est beaucoup développé sur le plan fédéral. Lors de mes deux dernières expériences là-bas, j’ai eu la chance de me rendre plusieurs fois au Centre National. Les infrastructures sont toutes récentes et on y voyait une structuration solide qui porte déjà ses fruits.
Le calendrier moderne est très chargé. Comment gérez-vous la charge de travail et la récupération ?
Depuis que je suis à Zulte Waregem, la charge est un peu moins importante que ce que j’avais avant, car nous étions engagés en Ligue des Champions africaine ou en Coupe de la CAF, avec un calendrier plus dense et des déplacements plus longs.
Pour gérer la charge et la récupération, on planifie notre microcycle : la semaine d’entraînement par rapport à celle d’avant, le niveau d’adaptation souhaité, et les effets observés des séances. On utilise des données quantitatives comme le GPS, les plateformes de force et qualitatives : fatigue, sommeil, appétit, humeur, ressenti sur l’intensité. Et aussi la communication avec le joueur. On s’adapte chaque jour.
Je suis davantage avec l’équipe première. Mon collègue gère la réathlétisation et les programmes individuels, et je me concentre sur la périodisation et la programmation des contenus d’entraînement, l’animation sur le terrain, la récolte et l’analyse des données pour tous les joueurs de l’équipe pro et les contenus en salle.
Quelle importance accordez-vous à la dimension mentale dans la préparation physique ?
Elle est forcément indissociable de l’humain. En pré-saison, j’évalue la capacité du joueur à se dépasser, son langage corporel quand il va à la limite, son état d’esprit. On observe aussi la dimension mentale dans l’approche du match, et j’adapte l’animation de mes séances selon l’état actuel du joueur.
Avez-vous eu des mentors ou figures marquantes ?
Christophe Manouvrier, Frédéric Marcerou, issu du rugby puis du handball, dont j’ai beaucoup appris, et Antonio Pintus, préparateur physique passé par de grands clubs européens. Et en général, des figures comme Michael Jordan sont très inspirantes: résilience, confiance dans son chemin, accepter que tout ne se passe pas comme prévu et repartir en avant. C’est essentiel dans le sport de haut niveau, surtout lorsqu’il y a compétition chaque week-end…
Comment voyez-vous évoluer le métier de préparateur physique ?
L’IA va sûrement continuer à aider dans l’analyse des données en lien avec la compréhension du jeu. Beaucoup d’aspects « chronophage » de notre profession vont s’automatiser : surtout dans la collecte, le tri et l’analyse.
Quelles sont vos ambitions pour la suite ?
À court terme, mon ambition en tant que promu est de stabiliser l’équipe au plus haut niveau du football Belge en étant compétitifs et constants dans la performance. Et à plus long terme, mon objectif est de continuer à progresser en Europe, en rejoignant des environnements toujours plus exigeants pour franchir de nouveaux paliers dans ma carrière… avec, un jour, l’ambition de rejoindre le banc de l’Équipe de France A.